Méthodes de pétrissage
Teneurs moyennes de la mie en acides organiques volatils
Température de l’eau
Calculs d’une pétrissée
Planification d’une production
L’ Autolyse
C’est le phénomène d’assouplissement du réseau glutineux, sous l’action naturelle des enzymes (protéases) contenues dans la pâte. Cette relaxation de la pâte a pour effet d’améliorer les liaisons de l’amidon, du gluten et de l’eau et d’augmenter notablement l’extensibilité de la pâte.
Ce qui a pour résultat à la reprise du pétrissage d’accélérer la formation de la pâte et son lissage.
L’autolyse peut être pratiquée de deux façons différentes :
sur la totalité de la pâte
- la pâte juste frasée, composée d’eau et de farine, repose dans la cuve du pétrin entre 30 minutes et 1 heure avant la 2ème partie du pétrissage (étirage et soufflage).
sur une fraction de la pétrissée
- une pâte juste frasée et autolysée pendant plusieurs heures, est incorporée dans la pétrissée à raison de 20 à 30% de la masse de farine.
Méthode avec autolyse de la totalité de la pétrissée
Pour autolyser une pâte ; il faut pétrir celle-ci pendant 4 minutes en 1ère vitesse (frasage) avec seulement la Farine et l’Eau. La levure ; le levain ; le sel ; l’améliorant ne sont ajoutés ; que dans la 2ème partie du pétrissage !
C’est à dire lors de la reprise du pétrissage (étirage et soufflage)
La durée d’autolyse d’une pétrissée varie de 30 minutes à 1 heure selon la ténacité de la pâte.
Méthode avec autolyse d’une fraction de la pétrissée
Pétrir une fraction de farine de la pétrissée : Farine, Eau et Sel, en 1ère vitesse (frasage). Faire autolyser cette pâte pendant 6 à 18 heures à température ambiante. (24°C). Ensuite, effectuer le pétrissage normal de la pétrissée soit en pétrissage lent, soit en pétrissage amélioré et y incorporer la pâte autolysée à raison de 20 à 30% de la masse totale de farine.
Il est indispensable de saler la pâte autolysée, lorsque la durée d’autolyse excède 6 heures, afin d’éviter son acidification, et loger la pâte à autolyser en chambre froide, lorsque la durée dépasse 18 à 24 heures.
Actions et résultats de l’autolyse
L’autolyse est conseillée pour:
- les farines de type 55 ou 65, ayant un W supérieur ou égal à 250,
- les farines tenaces ou courtes, (P/L élevé)
- les farines acides ou qui ont un excès de plancher.
Avantages
- Améliore la Tolérance et L’Extensibilité des pâtes
- Permet de réduire la durée du pétrissage sans pénaliser le produit fini
- Facilite le Façonnage mécanique des pâtons
- Améliore l’aspect final du pain (Grigne)
- Augmente légèrement le volume des pains
- Améliore la Flaveur du Pain.
- Augmente l’Alvéolage de la Mie.
Inconvénients
- Pénalise légèrement la capacité d’absorption d’eau de la farine.
- Ralentie très légèrement le démarrage de la fermentation
- Peut aggraver le défaut de manque de Force.
Méthodes de pétrissage
existe trois méthodes de pétrissage :
- PVL: Pétrissage à vitesse lente
- PA: Pétrissage amélioré
- PI: Pétrissage intensifié
Pétrissage à vitesse lente PVL
Pétrin à axe oblique
- Frasage. 3 à 5 min
- Vitesse de rotation. 40 t/min
- Étirage et soufflage. 10 min
- Vitesse de rotation. 40 tours/min
- Nombre total de brassages. 400 à 600 brassages
- Incorporation de la levure au début
- Incorporation du sel au début
- Incorporation d’un autre agent de fermentation au début
- Caractéristiques du pain obtenu : Pain de faible volume, Mie dense aux alvéoles irrégulières, odeur de froment non altérée.
Pétrissage amélioré PA
Pétrin à axe oblique
- Frasage. 3 à 5 min
- Vitesse de rotation. 40 t/min
- Étirage et soufflage. 10 à 13 min
- Vitesse de rotation. 80 tours/min
- Nombre total de brassages. 1000 à 1400 brassages
- Incorporation de la levure au début
- Incorporation du sel au début ou 5 min avant la fin
- Incorporation d’un autre agent de fermentation au début ou en fin de pétrissage.
- Le Pain obtenu est de volume moyen, les alvéoles sont importantes et irrégulières. Ce type de pétrissage associé à une pré-fermentation permet d’obtenir un pain de qualité.
Pétrissage intensifié PI
Pétrin à axe oblique
- Frasage. 3 à 5 min
- Vitesse de rotation. 40 t/min
- Étirage et soufflage. 18 à 20 min
- Vitesse de rotation. 80 tours/min
- Nombre total de brassages. 1700 à 2000 brassages
- Incorporation de la levure au début ou au cours du pétrissage
- Incorporation du sel au début ou 5 min avant la fin
- Incorporation d’un autre agent de fermentation au début ou en fin de pétrissage.
- Le Pain obtenu est volumineux, la mie est blanche et fine, alvéolée en nid d’abeille et les arômes sont peu développés. Ce type de pain a un rassissement rapide.
- L’abus d’un pétrissage intensif, conduit au lessivage de la pâte, avec éventuellement, l’action décuplée de la lipoxygénase qui dénature le goût du pain (Dans le cas d’adjonction de farine fèves dans la farine)
Comparaison de l’étirement du réseau glutineux : impact du pétrissage :
Pétrissage manuel ou pétrissage à bras
frasage manuel
Mélange des ingrédients dans le pétrin ou sur le tour en réalisant une fontaine.
Le frasage permet d’obtenir un mélange intime des différents éléments (farine, eau, levure, sel) sans pour autant rendre la pâte élastique.
Correction éventuelle de la consistance de la pâte
Bassinage : apport d’eau pour assouplir une pâte qui est trop ferme.
Contre-frasage : apport de farine pour raffermir, une pâte qui est trop douce.
le découpage et passage en tête
consistent à séparer la pâte en petits pâtons,
qui sont projetés à l’autre bout du pétrin
afin qu’elle gagne en homogénéité.
l’étirage et le soufflage
La pâte est étirée verticalement et repliée sur elle-même
afin d’emprisonner un maximum d’air, d’assouplir
et structurer le réseau glutineux.
le pâtonnage et mise en planche
Ils consistent à fractionner la pâte en gros pâtons
repliés sur eux même et à les disposer en bout du pétrin
ou de la pâtière afin d’y subir le pointage.
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Teneurs moyennes de la mie en acides organiques volatils
(Raymond Calvel – Le Goût du Pain)
Par rapport à la méthode directe, les méthodes sur Poolish et sur levain conduisent en effet à des teneurs en acide acétique, respectivement, deux à vingt fois plus grandes. Les autres acides ne sont présents qu’en très petite quantité et ne montrent, d’une mie à l’autre, que des écarts faibles.
Pétrissage Conventionnel (Lent) Quantités exprimées en ppm par rapport à la mie | |||
Panification Directe (Levure 2%) | Panification sur Poolish (Levure 0,7%) | Panification sur Levain | |
Acide acétique | 53 | 105 | 970 |
Acide propionique | 0,50 | 0,54 | 0,68 |
Acide isobutiyrique | 1,30 | 1,12 | 0,32 |
Acide butyrique | 0,18 | 0,29 | 0,16 |
Acide isovalérique | 0,51 | 0,48 | 0,43 |
Acide valérique | 0,13 | 0 29 | 0,16 |
Acide caproïque | 0,84 | 1,06 | 0,58 |
On peut cependant remarquer une teneur en acide isobutyrique, environ quatre fois plus forte, dans les mies fermentées à la levure, par rapport au procédé sur levain.
Relation des acides organiques avec l’intensification du pétrissage :
Pétrissage intensifié quantités exprimées en ppm par rapport à la mie | |||
Panification sur Directe (Levure 2%) |
Panification sur Poolish (Levure 0,7%) |
Panification sur Levain |
|
Acide acétique | 55 | 123 | 1093 |
Acide propionique | 0,70 | 0,70 | 0,90 |
Acide isobutiyrique | 4,70 | 1,44 | 0,77 |
Acide butyrique | 0,26 | 0,18 | 0,38 |
Acide isovalérique | 1,80 | 0,56 | 0,55 |
Acide valérique | 0,16 | 0,16 | 0,24 |
Acide caproïque | 1,10 | 1,00 | 0,80 |
Le mode de pétrissage entraîne une modification de la fraction acide que l’on constate dans le tableau ci-dessus.
Les écarts les plus importants se manifestent au niveau des acides isobutyriques et isovalériques
Le pétrissage intensifié, favorise la formation des iso-acides, particulièrement si la farine est additionnée de farine de fèves. La dose de levure agit également sur la teneur en acides organiques volatils.
Il faut noter que les iso-acides ont des caractères olfactifs nettement désagréables.
Les calculs de la pétrissée
L’hydratation
C’est le mélange avec la farine d’une quantité convenable d’eau pour former une pâte de consistance souhaitée.
Le taux d’hydratation
C’est la quantité d’eau nécessaire pour hydrater 100 kg de farine.
Le taux moyen d’hydratation est de 60% pour obtenir une pâte bâtarde, mais il est fréquent d’hydrater autour de 64% à 66% pour obtenir une pâte douce.
Eléments faisant varier l’hydratation :
- la consistance désirée : ainsi pour obtenir une pâte douce et si le taux moyen est de 60% il est nécessaire d’hydrater à 64% environ,
- la nature de la farine : généralement une farine riche en gluten et de bonne qualité absorbe plus d’eau,
- le taux d’extraction de la farine : un taux élevé qui contient ainsi une quantité d’enveloppes élevée absorbe plus d’eau,
- l’humidité de la farine : une farine avec un taux d’humidité élevé entraîne une hydratation plus faible,
- les granules d’amidon blessés pendant la mouture absorbent 3 fois plus d’eau, ainsi une farine de mouture à la meule a un taux d’hydratation légèrement supérieur à une farine identique obtenue par la mouture à cylindres.
Température de l’eau
C’est par le choix de la température de l’eau de coulage que le boulanger agit sur la température de la pâte en fin de pétrissage.
Il utilise pour déterminer la température de l’eau un chiffre de base, qui est fonction :
- de la température de l’air ambiant (saison),
- de la consistance de la pâte,
- de la durée de pétrissage,
- de la vitesse de pétrissage,
- du type de pétrin utilisé pour le pétrissage.
Le chiffre de base
Pour un même type de pétrissage, lorsque le total des trois températures : Air, Eau et Farine reste le même, la température finale de la pâte ne varie pas.
La somme de ces 3 températures, s’appelle le Chiffre de base :
température de l’air (Fournil)
+ température de la farine
+ température de l’eau
= chiffre de base
Calcul de la température de l’eau
Température de l’eau = chiffre de base — (température de l’air + température de la farine).
En retranchant la somme des températures de l’air et de la farine au chiffre de base on obtient la température de coulage de l’eau.
Chiffres de base utilisées
A titre indicatif, les chiffres de bases utilisés sont, suivant la saison, compris entre :
- 52 à 54 pour le pétrissage intensifié (PI),
- 60 à 64 pour le pétrissage amélioré (PA),
- 68 à 72 pour le pétrissage à vitesse lente (PVL).
Utilité du chiffre de base
L’utilisation du chiffre de base pour couler l’eau, permet d’obtenir des pâtes toujours à la même température, ce qui est un gage de régularité dans le déroulement de l’activité fermentaire et le travail de la pâte.
Mais il demeure essentiel de contrôler à la fin de chaque pétrissage la température de cette pâte pour savoir si le but est atteint et pour apporter les rectifications qui seraient nécessaires.
Il faut savoir qu’un écart de température de 1°C sur la pâte finale, équivaut à une variation de 10% du poids de la levure, au niveau de l’activité fermentaire.
Si nécessaire, pour augmenter la température finale de la pâte de 1°C, il faudra augmenter le chiffre de base de 3°C en moyenne et au contraire pour diminuer la température de la pâte de 1°C, il faudra diminuer le chiffre de base de 3°C environ.
Calculs d’une pétrissée :
Lorsqu’on a déterminé la masse de pâte dont on a besoin, on effectue sous forme de tableau le calcul de la masse de chacun des ingrédients qui sont nécessaires pour effectuer la pétrissée :
Imaginons que nous voulions obtenir 14, 900 Kg de pâte, avec une farine hydratée à 64%, 16 g de levure/kg de farine et 18 g de sel/kg de farine :
Inscrire cette recette de base dans un tableau :
Ingrédients | Recette de base | coefficient Multiplicateur | Masse à mettre en œuvre |
Farine | 1 000 | 8 900 | |
Eau | 640 | 5 696 | |
Levure | 16 | 142 | |
Sel | 18 | 160 | |
Masse de pâte obtenue | 1 674 | 8.9 | 14 900 |
Noter que ces calculs peuvent être réalisés très facilement, et automatisés avec un tableur de type Excel, ce qui préviendrait toute erreur de calcul, et dans ce cas, il n’y a plus qu’à inscrire la masse de pâte attendue.
Nota : Si la masse de pâte à obtenir est exprimée dans le tableau en kilogrammes tous les résultats obtenus sont en kilogrammes, et de la même façon si la masse de pâte est inscrite en grammes, tous les résultats seront en grammes.
Pour la régularité du travail et obtenir des résultats constants il est indispensable :
- de déterminer exactement la température de l’eau de coulage, à partir du chiffre de base adapté au mode de pétrissage.
- d’effectuer le calcul de la masse de chacun des ingrédients puis d’en effectuer la pesée ou la mesure.
- de vérifier la température de la pâte à la fin de pétrissage.
Le diagramme de fabrication
Afin d’organiser la production et de planifier de manière fonctionnelle et adaptée son travail, le boulanger compose un diagramme de production, ce qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble des tâches à exécuter et de leur enchaînement.
Pour une fabrication unique :
Chaque heure est divisée en quatre c’est-à-dire que chaque case équivaut à ¼ d’heure.
Le pétrissage est représenté par la lettre « P » avec la couleur bleue ou couleur verte, les manipulations (pesage, divisage, façonnage) par les lettres « D» , « F » avec la couleur jaune, puis la cuisson est représentée par la lettre « C » avec la couleur rouge.
Les temps de repos de la pâte, autolyse, pointage et apprêt ne sont pas représentés volontairement, les cases sont vides, sans aucune inscription afin de ne pas parasiter la lisibilité du tableau.
Seules sont renseignées les cases où le boulanger est actif, pour la fabrication concernée.
Lorsque plusieurs fabrications sont menées de front, le tableau comporte alors autant de lignes que de fabrications à réaliser. Pour que le boulanger puisse effectuer normalement toutes les tâches, il ne doit pas y avoir de concordance verticalement entre les cases horaires occupées.
Exemple de 4 types de fabrications à réaliser :
Exemple de 4 types de fabrications à réaliser :
Signification des codes utilisés
PO = Poolish Zone grise fermentation de la Poolish
P = Pétrissage
D = Divisage ou Pesage ou Détaillage (Viennoiserie)
F = Façonnage
T = Tourage (Viennoiserie)
C = Cuisson
* = stockage au Froid positif (utilisé principalement en viennoiserie)
** = stockage au Froid négatif (utilisé principalement en viennoiserie)
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