Première période de la fermentation panaire
Modifications au cours du pointage
L’apprêt
Apprécier le moment d’enfournement
La durée de l’apprêt
Les outils utilisés pour l’apprêt
Première période de la fermentation panaire.
Le pointage commence dès l’arrêt du pétrin et se termine au moment du façonnage.
C’est la 1ère période de la fermentation panaire.
Le pointage se divise en 4 étapes distinctes :
le pointage en masse de la pâte ou piquage se déroule en cuve ou en pâtière. Il est déterminant pour les qualités gustatives du produit et pour l’évolution de la force de la pâte.
Le boulanger laisse pointer la pâte en masse (piquage) soit dans la cuve du pétrin, soit dans une pâtière.
La durée du piquage varie en fonction de la méthode de panification et des caractéristiques physiques de la pâte obtenue en fin de pétrissage
- Augmentation de la durée du piquage – pour des pâtes collantes et les pâtes qui relâchent.
- Diminution de la durée du piquage – pour les pâtes courtes et tenaces, qui manquent d’extensibilité.
- C’est au cours du pointage principalement que se forment les acides organiques volatils précurseurs d’arômes.
Au terme du piquage, le boulanger procède au pesage des pâtons unitaires ou des bacs de pâte lorsque celle-ci doit être divisée en machine.
le pesage des pâtons fixe la masse finale des produits.
A l’aide d’un coupe pâte le boulanger découpe directement les pâtons dans la masse avec précaution et dextérité afin d’éviter tout déchirement du tissu glutineux.
La pesée s’effectue en ajustant la masse par un retrait ou un ajout de pâte.
le boulage permet de restructurer le réseau glutineux, de rassembler les parties plus ou moins déchirées lors du pesage et d’agir sur la force de la pâte.
Plus le niveau de tension exercé sur la pâte est important, plus la pâte acquiert de la tenue.
Cependant le boulage doit être limité pour ne pas pénaliser l’allongement des formes longues.
S’il sert d’étape dans la mise en forme avant le façonnage définitif, il peut être remplacé par un préformage.
Le Préformage
Le préformage est une opération de calibrage des pâtons, précédant l’opération de façonnage. Il est destiné à faciliter l’opération de façonnage qui suivra la détente.
Les pâtons qui ont perdu de la souplesse par suite d’un pointage en masse important ou dont le réseau glutineux possède un niveau de tension important, doivent subir une opération de calibrage que l’on nomme préformage.
Celle-ci consiste à exécuter une simple rotation du pâton sur lui-même dans le sens de la longueur. Ce calibrage en longueur ne produisant qu’un dégazage partiel du pâton, facilite l’allongement ultérieur et préserve la structure alvéolaire de celui-ci.
la détente permet au gluten de s’assouplir.
Elle s’effectue en balancelle ou sur le tour.
La détente permet la relaxation des pâtons avant le façonnage, ainsi ce repos des pâtons facilite les opérations ultérieures d’allongement
Modifications au cours du pointage
Le pointage entraîne au niveau de la pâte :
- l’augmentation de la ténacité et une diminution de l’extensibilité,
- le boulanger dit que “la pâte prend de la force”.
- le développement des qualités gustatives du produit par la fermentation.
- La formation d’acides organiques volatils précurseurs d’arômes.
Variations de la durée du pointage
Plusieurs facteurs influent sur la force de la pâte et doivent être pris en compte pour déterminer la durée du pointage :
Facteurs influençant la durée de pointage | Diminution du pointage | Augmentation du pointage |
Température des pâtes faible |
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Augmentation de la durée de pointage |
Température des pâtes élevée |
Diminution de la durée de pointage |
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Dose de levure ou de levain faible |
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Augmentation de la durée de pointage |
Dose de levure ou de levain élevée |
Diminution de la durée de pointage |
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Masse totale faible, de pâte en fermentation |
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Augmentation de la durée de pointage |
Masse totale élevée, de pâte en fermentation |
Diminution de la durée de pointage |
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Température ambiante faible |
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Augmentation de la durée de pointage |
Température ambiante élevée |
Diminution de la durée de pointage |
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Hygrométrie de l’air faible |
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Augmentation de la durée de pointage |
Hygrométrie de l’air élevée |
Diminution de la durée de pointage |
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Pétrissage à vitesse lente |
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Augmentation de la durée de pointage |
Pétrissage Améliorée |
Durée moyenne de pointage |
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Pétrissage Intensifié |
Diminution de la durée de pointage |
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Méthodes de fermentations contrôlées |
(Voir les méthodes de fermentations contrôlées) |
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Force boulangère de la farine faible |
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Augmentation de la durée de pointage |
Force boulangère de la farine élevée |
Diminution de la durée de pointage |
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Valeur fermentative de la farine faible |
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Augmentation de la durée de pointage |
Valeur fermentative de la farine élevée |
Diminution de la durée de pointage |
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Historique du pointage
En pétrissage lent ou manuel, méthodes les plus anciennes, par suite d’un pétrissage court, le pointage avait une durée de 2 à 4 heures, avec un ou plusieurs rabats, afin de corriger le faible étirement et donc le manque de structuration du réseau glutineux.
L’apprêt
L’apprêt est la deuxième grande période de fermentation qui débute lorsque le pâton est façonné ou tourné, elle se termine à l’enfournement.
Pour la «fermentation en direct» ou» travail en direct»
La fermentation se déroule à température ambiante jusqu’à l’enfournement.
A la fin de l’apprêt la fermentation n’est pas terminée ; en effet, elle s’accélère dans les premières minutes de cuisson à cause de la forte élévation de température ; puis elle s’achève rapidement dès que la température interne du pâton atteint 50 °C.
But de l’apprêt
Le développement des pâtons au cours de l’apprêt conditionne en partie le volume final du pain. Celui-ci dépend pour une grande part du phénomène de rétention gazeuse et de sa tolérance, cela favorise un pain léger et bien alvéolé.
Lors de cette période s’effectue l’amylose : transformation d’une partie de l’amidon en sucres simples. Ceux-ci sont à leur tour décomposés en dioxyde de carbone ou gaz carbonique (CO2), et en alcool par les enzymes de la levure (principalement la zymase).
Le gaz carbonique produit par la fermentation est retenu par le tissu glutineux, ce qui détermine le volume des pâtons. Le gonflement optimum dépend en partie de l’extensibilité de l’enveloppe.
IL est donc utile d’observer, d’apprécier et de vérifier tout au long de la fermentation, les réactions du tissu glutineux qui s’étire sous la pression du gaz carbonique.
La rétention gazeuse participe à la réussite des produits finis par :
- un développement suffisant du pain,
- une mie correctement alvéolée,
- un aspect valorisé par l’esthétique et la régularité des coups de lame : les grignes,
- une valeur gustative amplifiée.
- l’alcool produit se répand uniformément à l’intérieur du pâton et diffuse divers arômes.
Technique de dépose des pâtons sur couche
En fonction des caractéristiques du produit désiré et des qualités plastiques des pâtons, ceux-ci sont déposés soit :
- tourné à clair (clé ci-contre)
Cette méthode convient pour des pâtons ayant une tenue correcte et pour obtenir un pain d’aspect brillant avec une croûte fine.
- tourné à gris (clé ci-contre)
Cette méthode convient plus particulièrement pour des pâtons manquant de tenue, ayant tendance à relâcher et pour obtenir un pain d’aspect plus rustique avec une croûte plus épaisse.
Apprécier le moment d’enfournement
L’apprêt arrive à son terme lorsque le tissu glutineux est suffisamment étiré.
Cette force de réaction conditionne par la suite la réussite du coup de lame et donc le bel aspect du pain.
Le moment de l’enfournement s’apprécie de 3 façons différentes :
-
-
- par la vue,
- par le toucher,
- par la durée théorique de l’apprêt.
Vidéo
Par la vue :
La prise de volume du pâton se traduit pratiquement par une augmentation quasi égale à 3 fois son volume initial en fonction des méthodes de panification.
Par le toucher :
Du bout des doigts, on exerce une légère pression sur le pâton. Si l’empreinte :
- s’efface rapidement l’apprêt peut se prolonger,
- s’efface lentement l’apprêt arrive à son terme,
- ne s’efface pas, l’apprêt a trop duré.
-
La durée de l’apprêt
L’observation de la durée de l’apprêt est un bon indicateur, pour cela il faut prendre en compte la méthode de pétrissage, la dose de levure, l’hygrométrie et la température ambiante et la température de la pâte.
La durée de l’apprêt varie en fonction :
- des méthodes de pétrissage
généralement plus la durée du pétrissage est importante, plus la durée de l’apprêt augmente, (et vice versa), - des méthodes de panification
la dose de levure, la température et la consistance de la pâte ont une influence sur cette période de fermentation, - de la nature de la farine
le pouvoir enzymatique de la farine et la qualité du gluten ont une forte influence sur sa durée, - du milieu ambiant
l’activité de la levure est sensible à l’hygrométrie et à la température ambiante ainsi la durée s’en trouve prolongée dans une ambiance fraîche et sèche. - De la rigueur professionnelle du boulanger pendant le pointage pour atteindre l’équilibre plasto-élastique de la pâte.
Fin de l’Apprêt :
Contrôle par l’empreinte des doigts
- Elle s’efface rapidement l’apprêt peut se prolonger,
- Elle s’efface lentement l’apprêt arrive à son terme,
- Elle ne s’efface pas, l’apprêt a trop duré.
Durée de l’apprêt en fonction du pétrissage (Pétrin à axe oblique) |
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Type de pétrissage | Durée de l’apprêt |
PVL 600 brassages | de 0 h 45 à 1 h 15 |
PA 1200 brassages | de 1 h 30 à 2 h 00 |
PI 1800 brassages | de 2 h 00 à 3 h 00 |
L’apprêt est influencé par :
- les méthodes de pétrissage
La durée de l’apprêt s’avère proportionnelle à l’intensité du pétrissage qui conditionne en partie la structure du réseau glutineux et donc la tolérance de la pâte. - les méthodes de panification
La durée de l’apprêt est inversement proportionnelle à la quantité de levure ou agent de fermentation. Plus la dose de levure est importante plus la durée de cette fermentation est réduite. - La température de la pâte
celle-ci influence l’activité de la levure. Plus la température de la pâte est élevée plus la levure est active et donc la durée de l’apprêt diminue. - La consistance de la pâte
elle influence aussi la durée de l’apprêt. Généralement une pâte ferme exige une durée d’apprêt supérieure car la fermentation est moins active et le réseau glutineux résiste davantage à la poussée gazeuse. - la nature de la farine
La durée de l’apprêt est influencée par le pouvoir enzymatique de la farine qui varie principalement en fonction des récoltes de blés et des conditions de stockage de ceux-ci. Un surplus d’enzymes accélère l’amylolyse et donc la fermentation. - les qualités rhéologiques des pâtes. (comportement mécanique de la pâte) Celles-ci peuvent être mesurées en laboratoire à l’aide du rhéofermentomètre (capacité de rétention gazeuse des pâtes).
https://www.kpmanalytics.com/products/rheo-f4 - le milieu ambiant (pour plus de détails, voir les fermentations)
Dans un souci d’une meilleure organisation du travail, il est possible de prolonger l’apprêt d’une pâte au-delà de sa durée habituelle en plaçant les pâtons dans une enceinte qui permet de contrôler la température et le taux d’humidité. (chambre froide de fermentation)
Les outils utilisés pour l’apprêt
Banneton
Panier en osier de forme allongée ou ronde habillé intérieurement d’une toile dans lequel repose le pâton tourné à gris.
Couche
Bande de toile de lin posée sur une planche ou sur une grille sur laquelle les pâtons reposent soit tournés à gris soit tournés à clair.
Plaque ou filet
Plaques ou filets métalliques comportant des logements à la dimension des pâtons dans lesquels ces derniers reposent tournés à clair.
Couche automatique
Bande de toile coulissant autour d’un cadre métallique sur laquelle on dépose les pâtons tournés à clair en respectant un espace suffisant pour le développement des pâtons.
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